Nous avons tout pouvoir sur Dieu.

Du moins, nous avons celui

de l’empêcher d’agir,

ce qui revient un peu au même.

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 Je sais bien ce qu’il peut y avoir de choquant dans cette affirmation.

Nous avons plus l’habitude de nous percevoir comme de petites choses insignifiantes devant la toute-puissance de Dieu. Pourtant …

Un bref passage des évangiles nous apprend que l’action de Jésus était limitée par l’attitude de ses interlocuteurs.

Marc raconte qu’à Nazareth Jésus « ne pouvait faire […] aucun miracle », à l’exception de quelques guérisons secondaires, et qu’il « s’étonnait de leur manque de foi » [Marc 6.5,6 NBS].

Jésus est comme paralysé, réduit à l’impuissance, par l’absence de foi (littéralement, la non-foi) des personnes qui l’entourent.

Il s’agit bien du Jésus qui vient juste de ressusciter une fillette, de chasser des démons puissants, de manifester son autorité sur le vent et sur l’eau [Voir Marc 4.35 à 5.43].

Il s’agit bien du Jésus qui va bientôt multiplier les pains pour rassasier cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, et qui va marcher sur l’eau [Voir Marc 6.30-52]. Mais à Nazareth, dans son propre village, « il ne pouvait faire aucun miracle ».

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L’homme a bien le pouvoir d’entraver la puissance d’action de Dieu. L’impuissance volontaire de Dieu devant la non-foi de l’homme est une vérité extrêmement émouvante.

Le Créateur peut-il davantage respecter la liberté de sa créature ? Nos sempiternelles plaintes devant la prétendue inaction de Dieu ne sont-elles pas souvent aveuglement devant la dureté et la fermeture de l’homme ?

Marc s’explique sur ce qu’est la non-foi paralysante des habitants de Nazareth.

Ils sont d’abord « ébahis » par la sagesse de Jésus et par les miracles qu’il a accomplis ailleurs. Mais ils ne se laissent pas éblouir par ces merveilles.

Ils renâclent, ils s’interrogent : « N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de José, de Judas et de Simon ? Ses soeurs ne sont-elles pas ici, parmi nous ? » [Marc 6.3 NBS]

Voilà le problème ! Voilà une définition de l’absence de foi. Ils connaissent Jésus ou croient le connaître. Ils savent tout de lui depuis longtemps. Ils sont capables d’énumérer tous les membres de sa famille. Ils enlisent Jésus dans l’immobilité maîtrisée de son passé, refusant de s’ouvrir à la nouveauté. Leur curiosité n’est pas assez forte pour vaincre leurs a priori.

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Chaque fois que nous sommes trop sûrs de ce que nous savons de Dieu, nous empêchons la révélation de sa nouveauté, qui pourtant aurait la puissance de nous guérir de tout ce qui nous entrave.

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