Que signifie la croix de Jésus pour l’homme du troisième millénaire?

 

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Quand j’avais six ou sept ans, ma mère m’emmena un soir d’automne faire un tour sur un manège de chevaux de bois, de passage dans notre village. A quelques mètres de là se trouvait un Christ en croix, grandeur nature. A chaque tour de manège, je Le regardais et me sentais coupable de m’amuser alors que Lui souffrait…

Dans les générations qui nous précédèrent, on trouvait la croix un peu partout, surtout dans notre vieille Europe. Elle était sur les toits des églises, sur les murs des maisons, plantée aux carrefours des routes ; on l’exhibait pour quantités de cérémonies, lui attribuant une valeur de protection plutôt superstitieuse. Bien peu avaient compris sa véritable signification.

Aujourd’hui, l’informatique est devenue l’idole de ce monde et la croix paraît appartenir à un autre âge. On ne sait pas que quiconque mange son pain ou boit son eau ne peut le faire en réalité qu’en conséquence de ce qui s’est passé à la croix.

Si notre monde a pu subsister malgré toutes les guerres, les invasions, les épidémies mortelles, les persécutions sanglantes, c’est bien parce que la croix et l’Evangile avaient apporté à cette planète il y a deux mille ans un souffle venant du ciel. Sans cela, le monde se serait autodétruit depuis longtemps.

En fait, la croix de Christ pourrait apporter à l’homme du troisième millénaire une révélation sur sa destinée qu’il ne trouvera nulle part ailleurs.

Y porter attention, c’est pénétrer dans un drame cosmique aux dimensions inouïes et cela apporte une réponse à tant de questions en suspens.

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Il y a et il y a eu tant d’idées fausses sur la croix qu’il vaut la peine d’en examiner quelques-unes.

Tout d’abord, La croix de Christ ne fut pas un accident, ce qu’on appellerait aujourd’hui une « bavure » de la police romaine qui avait la haute main sur la Judée.

Si la vie de Christ a été brutalement interrompue après un ministère d’un peu plus de trois ans, tout empreint de bonté, de dévouement et de piété, c’est que l’orgueil de la classe dirigeante ne pouvait supporter plus longtemps le reproche vivant qu’Il mettait sous leurs yeux par sa véracité et sa simplicité. Il fallait à tout prix qu’il disparaisse de la scène, lui et ses discours dérangeants, lui et ses miracles excitant les foules. « Il leur faisait de l’ombre » dirait-on vulgairement. Quant aux légionnaires romains qui Le clouèrent à la croix, ils obéissaient aux consignes dans les territoires occupés: « Pas de séditions, pas de soulèvement politique ou religieux ». Il fallait étouffer cela.

Mais tous ces gens – ceux qui Le trahirent, L’arrêtèrent, Le flagellèrent et Le clouèrent au bois – n’étaient pas plus coupables de sa mort que vous et moi.

Car ce qui a tué Jésus-Christ, plus encore que la torture physique, c’était le péché du monde, y compris le vôtre et le mien.

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Une autre erreur : croire que c’est contre son gré que Jésus a été emmené à cette mort horrible. D’avance, Il a démenti cette idée : « Le Père m’aime parce que Je donne ma vie afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais Je la donne de moi-même; J’ai le pouvoir de la donner et le pouvoir de la reprendre; tel est l’ordre que J’ai reçu de mon Père. » (Jean 10:18)

Cet ordre du Père auquel Jésus se soumettait volontairement n’était que le résultat d’un conseil céleste « d’avant la fondation du monde ». (Pierre 1:20) Ils avaient tous deux convenu, si l’homme se laissait séduire par l’ennemi, que Jésus prendrait la place de l’humanité coupable et perdue et la sauverait ainsi des conséquences de sa séparation d’avec son Créateur.

Transgresser la loi d’amour du ciel, c’est le péché et celui-ci conduit inévitablement à la mort. Il La porte en lui et nous en voyons aujourd’hui les résultats.

« Mais Dieu, appelé le Tout-Puissant, diront certains, ne pouvait-Il modifier cette loi pour éviter à Son Fils et à l’homme de mourir ? » S’il l’avait fait, ce n’aurait été qu’au profit de l’injustice et l’univers basé sur l’injustice ne pouvait plus exister.

Inévitablement, il fallait « payer le prix » de la transgression, mais Dieu a tellement aimé l’humanité qu’Il a accepté que Son Fils unique, alter-égo, compagnon d’éternité, quitte le ciel et vienne ici-bas payer ce prix et remporter la victoire pour l’homme, si ingrat et si méchant soit-il.

Cela met par terre, du même coup, le raisonnement qui prétend que puisque Jésus a payé sur la croix, la loi n’a plus besoin d’être observée. Si cela avait été possible de la mettre de côté, Dieu l’aurait fait avant et non après la crucifixion de son Fils.

Mais Jésus-Christ, ayant pris la nature même de l’homme dut lutter constamment, renoncer à sa volonté propre pour pouvoir présenter un sacrifice parfait en substitution de notre état de révolte et de méchanceté.

Pour cela, Il a dû surmonter toutes les tentations que l’ennemi, Satan, plaçait constamment sur son chemin. Et, ô merveille ! Il a passé tous les tests avec succès, même dans les circonstances les plus défavorables. Un auteur inspiré a pu écrire: « Il n’est pas une goutte de nos amertumes qu’Il n’ait goûtée, pas une parcelle de notre malédiction qu’Il n’ait endurée. »

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Cependant, le paroxysme de ce combat, son point culminant et définitif fut la croix. Là, toutes les puissances des ténèbres furent déchaînées contre Lui. Et Il devait résister avec sa seule force humaine appuyée sur sa confiance en Dieu.

Bien que ses souffrances physiques fussent terribles, elles n’étaient rien encore en regard du désarroi de son cœur et de son esprit. Le Père d’éternité, Celui avec qui Il avait entretenu une communion absolue de pensée, d’actions, de sentiments le considérait en cet instant comme étant tout le péché du monde. C’était la déchirure insoutenable.

Même quand c’était Son Fils qui le portait, Dieu ne pouvait pas aimer le péché. Il fallait l’éloigner de Lui. C’est ce qui fit pousser à Jésus ce cri qui retentit encore aujourd’hui: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27:46)

Même l’espérance de la résurrection l’abandonna un instant, tant Il était écrasé par le poids de toutes les lâchetés, de toutes les fraudes, de tous les abus, de tous les crimes de ce monde.

Mais Il ne recula pas, Il n’écouta pas les insinuations ironiques qui l’entouraient: « Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix. Tu as sauvé les autres et tu ne peux te sauver toi-même ! » (Matthieu 27:40)

Il a choisi librement d’aller jusqu’au bout, par amour pour cette humanité qui L’abandonnait au moment difficile. C’est à cause de cela que bientôt, Il pourra ouvrir les portes du ciel à tous ceux qui auront cru en Lui. Sinon, tout était perdu.

Il n’a fait aucun cas de la honte, de l’ignominie, de la douleur qui Le frappaient si violemment pour avoir un jour la joie de nous recevoir dans Son royaume. Quelle reconnaissance, quelle admiration ne devrions-nous pas éprouver devant un si grand amour !

Durant les siècles éternels, les chorales célestes ne cesseront de chanter: « Digne est l’Agneau de recevoir la gloire et la puissance ! » (Apocalypse 5:12) Et on comprend pourquoi en considérant cette croix, folie et scandale pour les hommes, mais sagesse et justice aux yeux de Dieu pour l’éternité.

Si l’homme du troisième millénaire veut bien s’approcher de cette croix et la contempler, il y trouvera, comme tous les chrétiens des siècles passés, consolation, espérance et courage, mieux que nulle part ailleurs dans ce monde déchiré où nous vivons.