Un jour ancien, dans un royaume lointain, un Roi plein de bonté offrit un lit de toute beauté à un homme très pauvre qui avait une vie bien dure.

Ce pauvre homme travaillait chaque jour dans les champs, sous le soleil comme dans le froid, du matin jusqu’au soir, il ne comptait pas ses heures, il creusait la terre, il plantait ses graines, il récoltait ses épis pour faire son pain et celui de sa famille.

Le lit que le Roi lui offrit était un lit magnifique comme le pauvre homme n’en avait jamais vu avant, avec des dorures d’une grande finesse, des voiles délicieux et des draps de soie aux reflets brillants comme un feu de joie.

L’homme pauvre ne comprenait pas pourquoi le Roi lui offrait ce si beau lit mais il en était ravi. Après sa dure journée de travail aux champs, il s’asseyait devant son nouveau lit qui éclatait de mille feux chaleureux et il l’admirait jusqu’à s’endormir de fatigue. L’admirant chaque jour, il y découvrait sans cesse de nouveaux éclats de lumière qui lui enchantaient le coeur, le remplissaient d’admiration et le réjouissaient pour la journée suivante.

Un jour, l’homme pauvre invita ses amis pour leur montrer son lit merveilleux avec un peu de fierté il faut le dire. Ses amis n’en crurent pas leur yeux. Quel lit ! Mais quel lit ! Aucun d’entre eux n’osa y toucher tellement il était impressionnant. Jamais ils n’avaient vu un lit pareil. Ils n’en avaient entendu parler que dans des contes et se disaient que c’était bien là un lit de Roi.

L’homme pauvre était heureux de pouvoir partager la beauté réconfortante de son lit merveilleux avec ses amis. L’un d’eux, Marik, lui dit : Comme cela doit être agréable d’y dormir, comme cela doit être reposant, comme on doit s’y sentir bien. Japhar était bien d’accord et dit à son tour : Comme les nuits doivent être réparatrices dans un tel lit. Comme on doit y faire des rêves extraordinaires pour son avenir lui dit enfin Madou, son troisième et fidèle ami.

« Oh oui ! Oh oui ! » s’exclama alors l’homme pauvre. Comme j’aimerais dormir dans un tel lit, cela doit être extraordinaire, comme cela doit rendre heureux et fort.

Quoi !!! s’exclamèrent les trois amis d’une seule voix stupéfaite. Tu n’y dors donc pas ? Oh mais non ! leur répondit l’homme pauvre.

Mais où dors-tu alors ? Hé bien, sur ma paillasse, ici, dans ce coin leur répond-il.

L’homme pauvre dormait toujours sur sa vieille paillasse toute dure et toute rêche posée à même le sol, dans un coin de sa grande chambre, tout près du grand lit merveilleux.

– Mais pourquoi donc dors-tu sur une pauvre paillasse alors que le Roi t’as offert un si beau lit ? lui demandèrent ses amis qui n’en revenaient pas.

– Mais, êtes-vous fous ?! leur répond-il. Je ne mérite pas de dormir dans un tel lit. Je ne suis qu’un homme pauvre et misérable, sans éducation, sans connaissances, sans capacités, sans grandeur, sans valeur. Je ne suis rien du tout, comment pourrais-je dormir dans un lit de Roi, si beau et si brillant ? Ce n’est pas possible.

– Mais, ce lit n’est-il pas à toi mon ami? lui demanda Marik.

– Bien sur que si, le Roi me l’a offert.

– As-tu un document officiel qui le prouve ? Lui demanda Japhar.

– Oui, regardez, il est là.

Il sortit alors un acte de don signé par la main du Roi lui-même et leur tendit pour qu’ils le lisent.

Marik, Japhar et Madou examinèrent attentivement le document. Ils le lurent de haut en bas, de bas en haut, de droite à gauche et de gauche à droite. Il n’y avait aucun doute possible, le lit était bien la propriété de leur ami qui n’osait s’en approcher.

– Ce lit magnifique est bien à toi, lui dit Marik.

– Tu peux donc y dormir autant que tu veux, jour et nuit si ça te plaît, lui dit Japhar. C’est ton lit.

– Mais, je n’oserai jamais ! S’écria le pauvre homme. Je n’en suis pas digne, je ne l’ai pas mérité, c’est un lit pour les Rois et les Princes, pour les hommes de valeur, pour les vaillants héros, pour les sages et les intelligents, pas pour un misérable comme moi. Ses amis se turent et le silence s’installa autour du lit. Personne n’osait parler, chacun regardait ses pieds.

Après un long silence, ses amis lui confièrent, tout doucement, tout hésitants, qu’eux aussi avaient dans leur coeur des hésitations et des craintes, un manque de courage parce qu’ils ne se sentent pas dignes… Marik leur raconta qu’il rêvait de devenir marin, de parcourir les mers du monde, d’affronter les océans, de vaincre les tempêtes, de voir les beaux pays lointains et d’en ramener des trésors extraordinaires… mais il ne se croit pas assez capable, pas même pour essayer.

Japhar, quand à lui, leur ouvrit son coeur, il leur dit qu’il aime une jeune et jolie femme mais que personne ne le sait. Il n’ose pas l’aborder, il n’ose pas lui parler, il ne se sent pas assez bien pour elle.

Madou, pour sa part, aimerait apprendre à peindre des tableaux et pouvoir montrer au monde toute la beauté qu’il y a dans son coeur… si seulement il avait plus confiance en lui, si seulement il croyait pouvoir y parvenir.

Les trois amis quittèrent alors l’homme pauvre, tous tristes et bien déçus qu’il se prive de la jouissance d’un lit si merveilleux en sa possession. L’homme pauvre resta tout seul, surpris de ce qu’il avait appris. Il s’assit, silencieux. Il tourna son regard vers son lit et réfléchit. Il tourna autour de son lit et réfléchit encore. Il prit conscience que ses amis avaient raison, que ce lit était à lui et bien à lui. Que ce cadeau du Roi était gratuit et qu’il n’avait qu’à s’y glisser pour en profiter. Il s’approcha doucement, respira d’abord, sentit l’odeur enivrante qui se dégageait en prenant une grande bouffée du parfum qui se dégageait des draps toujours frais. Il bloqua sa respiration et approcha sa main lentement. Son coeur battait. Allait-il oser ? Il ferma les yeux et toucha doucement les draps comme pour ne pas les gêner. Quel douceur ! Quelle sensation ! Cela fourmillait de plaisir… de ses doigts jusqu’à ses épaules un agréable frisson le traversa.

Il ouvrit les yeux et s’allongea sur le lit sans geste brusque. Aussitôt il ressentit un bien être et comme… comment dire ? Comme s’il revenait à la maison, comme si ce lit merveilleux était depuis toujours son véritable chez lui. Il rentra dans les draps de soie multicolores et ressentit un bonheur immense qui le remplit tout entier. Ce soir là, il s’endormit, dans le grand lit du Roi, son lit-cadeau, lui, le pauvre homme sans un sou. Sur son visage apparut alors le plus beau sourire qu’il eut de toute sa vie. Tout son corps s’apaisa. Il était le bienvenu dans son lit merveilleux. C’est comme si le Roi lui-même le prenait dans ses bras et lui disait tout son amour. Sa vie ne sera plus jamais la même.

Mes amis, il en est ainsi du Royaume de Dieu. C’est un don gratuit. Nous n’avons qu’à y entrer, nous y blottir, nous laisser guérir, fortifier, transformer et nous laisser envahir par tous ses bienfaits. Nous aurions grand tort de nous en priver. Approchez-vous, sentez son amour, couvrez-vous de sa paix et laissez-le vous aimer. Le don gratuit de Dieu c’est la vie éternelle en Jésus-Christ.