Vieillissement de la population, augmentation de la démographie,

changements importants

dans les modes de vie des pays du Sud…

L’Organisation mondiale de la santé prévoit

que, d’ici 2025, près de 20 millions de

personnes seront touchées,

chaque année, par un cancer.

.

14,1 millions nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués en 2012 dans le monde et 8,2 millions de personnes en sont mortes. En 2025, il y aura 19,3 millions de nouveaux cas, prévoit le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), l’agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé sur le cancer, qui vient de publier de nouvelles données sur l’incidence, la mortalité et la prévalence du cancer dans le monde. Des chiffres et des projections en croissance vertigineuse, si on les compare aux dernières données de Globocan 2012 (la base de données du Circ, qui rassemble les estimations les plus récentes pour 28 types de cancer dans 184 pays) qui faisaient état en 2008 de 12,7 millions de nouveaux cas et de 7,6 millions de décès.

 

Poumon, sein, colorectal

Les cancers les plus fréquemment diagnostiqués dans le monde sont ceux du poumon (avec 1,8 million de cas, soit 13% du total), du sein (1,7 million, ou 11,9% du total) et le cancer colorectal (1,4 million, ou 9,7% du total). Les causes les plus fréquentes de décès par cancer sont les cancers du poumon (1,6 million de décès, 19,4% du total), du foie (0,8 million, 9,1% du total) et de l’estomac (0,7 million, ou 8,8% du total).

 

Maladie «moderne»?

Des chiffres qui peuvent s’expliquer en partie par la croissance démographique et le vieillissement de la population, mais qui doivent aussi être mis en regard de la «modernisation» des styles de vie des pays en voie de développement. Plus de la moitié de tous les cancers (56,8%) et des décès par cancer (64,9%) en 2012 ont été enregistrés dans les régions les moins développées du monde et ces proportions augmenteront encore d’ici 2025. «Les tendances mondiales montrent plus généralement que dans les pays en développement en transition sociétale et économique rapide, la transition vers un mode de vie typique des pays industrialisés conduit à un fardeau croissant des cancers associés à des facteurs de risque génésiques, alimentaires et hormonaux», détaille le Circ.

 

+20% de cancers du sein

Dans ce contexte, le cancer du sein connaît une hausse sans précédent: 1,7 million de femmes ont eu un diagnostic de cancer du sein en 2012 et 522.000 en meurent chaque année. Des chiffres en constante augmentation puisque, depuis les dernières estimations, l’incidence a augmenté de plus de 20% et la mortalité de 14%. C’est dans les pays les moins industrialisés que sa prévalence est la plus forte. «Le cancer du sein est l’une des principales causes de décès par cancer dans les pays les moins développés. C’est en partie parce que l’évolution des modes de vie est à l’origine d’une augmentation de l’incidence, mais aussi en partie parce que les progrès cliniques enregistrés contre la maladie ne profitent pas aux femmes vivant dans ces régions», détaille David Forman, médecin et chef de la section Données du cancer, le groupe du Circ responsable de la compilation des données mondiales sur le cancer.

 

Col de l’utérus: 4e cause de cancer

Même constat pour les cancers du col de l’utérus, avec 528.000 nouveaux cas et 266.000 décès en 2012, ce qui en fait le 4e cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde, après les cancers du sein, colorectal et du poumon. «Le cancer du col, qui affecte les femmes dans leur jeunesse, peut avoir des effets catastrophiques avec un coût humain, social et économique très élevé, explique Rengaswamy Sankaranarayanan, médecin et chercheur principal d’un projet de recherche du Circ sur le dépistage du cancer du col en Inde rurale. Des outils de dépistage peu coûteux et de faible technicité existent aujourd’hui, qui pourraient réduire sensiblement le fardeau des décès par cancer du col dans les pays les moins développés», ajoute-t-il.

 

Inégalités Nord-Sud

Car un fossé semble se creuser entre les pays industrialisés et les pays pauvres: si les taux d’incidence demeurent les plus élevés dans les régions les plus développées, la mortalité est relativement beaucoup plus élevée dans les pays pauvres, faute de détection précoce et d’accès aux traitements. Ainsi du cancer du sein. En Europe occidentale, par exemple, son incidence est supérieure à 90 nouveaux cas pour 100.000 femmes par an, par rapport à 30 pour 100.000 en Afrique de l’Est. En revanche, les taux de mortalité dans ces deux régions sont presque identiques à environ 15 pour 100.000, «ce qui pointe clairement le diagnostic tardif et une survie beaucoup moins bonne en Afrique de l’Est», conclut le Circ.