Selon un sondage Ifop, près de 60% des Français croient à une discipline de parascience comme l’astrologie ou la cartomancie. Et plus d’un sur cinq est convaincu de la justesse des prédictions des voyants.
Cela fait huit ans qu’une fois par mois, Lina court chez sa voyante. « C’était de la curiosité, se souvient cette Montpelliéraine de 48 ans, juriste dans une compagnie aérienne. Une copine m’a donné son adresse, ça m’excitait un peu, comme si j’allais faire quelque chose d’interdit, mais sans rien en attendre : j’allais plutôt bien, ma vie allait plutôt bien et je n’avais pas vraiment de questions à lui poser. » C’est ensuite entré dans son quotidien : depuis, elle apprécie ces moments de parole avec sa voyante. « C’est un peu comme un psy ! Quand je ressors, je me sens super bien, comme si je me débarrassais d’un poids. »
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Lina n’est pas un cas isolé. Cartomanciens, médiums, voyantes, numérologues, astrologues et autres diseuses de bonne aventure ont le vent en poupe : selon une récente étude réalisée par l’Ifop, près de six Français sur dix croient au moins à l’une discipline de parascience et plus d’un sur cinq est convaincu de la justesse des prédictions des voyants. Ce chiffre est en constante augmentation depuis vingt ans : en décembre 2020, toujours selon une enquête Ifop, seulement quatre Français sur dix disaient croire en l’astrologie.
Ces adeptes sont majoritairement des femmes : la plate-forme de voyance en ligne Voox comptabilise ainsi 5 658 clientes contre 2 262 clients, soit 70% de femmes. Et on trouve des adeptes dans toutes les tranches d’âge, de 18 à plus de 65 ans, même si la catégorie des 45-54 ans est la plus nombreuse : elle représente plus de 21% des clients.
« Il y en a qui vont au hammam, moi, je vais chez ma voyante !
Et l’éventail de l’offre est large. Certains officient avec des cartes, comme le tarot de Marseille, d’autres avec un pendule, des planches de radiesthésie, ou utilisent la numérologie. Ils font valoir leur don de clairvoyance, pratiquent l’écriture intuitive, en retranscrivant des messages par écrit. Charlatans pour les uns, oreilles bienveillantes ou personnes extraordinaires dotées de sensibilités extraordinaires pour les autres, chez eux se pressent, en l’assumant plus ou moins, ceux qui viennent chercher un avis, avant l’heure d’un choix important. Ou une explication, après un deuil, ou une rupture, un échec. D’autres cherchent un sens, à ordonner le désordre.
Darren, lui, a rencontré le chemin de sa cartomancienne après le suicide de son compagnon, alcoolique, il y a cinq ans. Ce quinquagénaire parisien y a trouvé du réconfort. « J’étais démoli, j’ai vu deux psys qui n’ont pas su m’aider, se souvient Darren. J’avais besoin de trouver des réponses, et elle m’a beaucoup aidé, se souvient cet ingénieur dans le BTP. Elle m’a guidé, et cela m’a beaucoup apaisé. Avec elle, les choses prennent un sens… »
« Elle a une sorte de don, mais pas comme de la magie. Comme un truc en plus, que nous n’avons pas. Elle se trompe, parfois, hein… mais ce n’est pas souvent. »
Darren à franceinfo
« Je ne peux pas dire que j’y crois vraiment, comme si c’était une vraie science, explique de son côté Lina. Mais, dans un sens, ça me rassure un peu, j’ai l’impression de ne pas faire les mauvais choix. Puis en fait, ça me coûte quoi ? Je paie 50 euros la séance d’une heure… » « Il y en a qui vont au hammam, moi, je vais chez ma voyante ! », sourit-elle. Les prix pratiqués par la voyante de Lina sont inférieurs à ceux pratiqués habituellement : en cabinet, le tarif moyen d’une consultation de voyance d’une durée d’une heure varie de 80 à 100 euros, tandis qu’une consultation par téléphone est facturée autour d’une cinquantaine d’euros. Parfois beaucoup moins, et parfois beaucoup, beaucoup plus.
Enquête menée par l’Ifop pour Femme Actuelle auprès d’un échantillon de 1 007 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, méthode des quotas. Interviews réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 10 au 12 novembre 2020.