La notion ‘d’esprit saint’ n’est pas la plus simple à comprendre dans la bible.
Certains chrétiens ne s’en préoccupent pas trop, d’autres par contre s’y intéressent intensément. Au cours des siècles, des tas d’idées concernant le saint-esprit furent souvent à l’origine de tensions, querelles et divisions.
Comme introduction, voici déjà quelques remarques :
- Lorsqu’on parle du Saint-Esprit (ou encore de l’esprit de Dieu), une certaine humilité ou retenue devrait être de mise. Dieu n’est pas ‘quelque chose’ que l’on peut saisir, délimiter, enfermer dans une notion…
- Lorsque Dieu se dévoile, c’est pour, d’une manière ou d’une autre, faire progresser l’être humain. Non pour lui fournir une connaissance théorique dont il pourrait se vanter ou avec laquelle il pourrait ‘clouer le bec’ aux autres en les traitant d’hérétique ou d’incroyant.
- De toutes les manifestations de Dieu, ‘l’esprit’ reste la plus mystérieuse, la moins tangible. « Le vent souffle où il veut; tu l’entends, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit. » (Jean 3) Mais aussi la plus dynamique. Cela montre que Dieu veut réaliser certaines choses d’une façon que l’on ne peut pas toujours expliquer..
Le vent, on ne peut pas le voir, On peut juste l’entendre et le sentir. On peut voir ses effets mais lui, on ne le voit pas. Il s’infiltre partout. Ce qui était immobile depuis des années, il les soulève sans difficulté. Il joue avec les vagues, poursuit les hommes, souffle à travers tout. Il en va ainsi de l’esprit. On ne le voit pas mais rien ne peut le retenir. Il franchit les portes et les fenêtres et met les gens en action. De nouvelles choses peuvent alors croître. On ne peut saisir l’Esprit. Mais il est là, tu peux en profiter, te laisser faire par lui. Un nouvel Esprit qui stimule les gens, cela tient du miracle ! On ne peut le retenir. Les apôtres l’ont vécu à la Pentecôte et depuis lors, cet Esprit souffle encore sur le monde. Les gens peuvent s’y opposer, c’est leur droit mais l’attacher… jamais ! |
La trinité
Ce mot n’apparaît pas dans la bible. Mais lorsque l’on parle de Dieu, on mentionne souvent le père, le fils et l’esprit (ici sans majuscule car le texte original n’en possède pas). La doctrine de la trinité n’est seulement apparue que progres-sivement et avec beaucoup de difficultés.
Car c’est un concept qui…
• s’apparente un peu au polythéisme (comme cela était le cas dans le monde païen)
• conduit à une certaine réduction trop simpliste de la richesse de la personne de Dieu et de son œuvre.
Dans l’Ancien Testament, on retrouve une structure trinitaire : trois importantes personnifications ou manifestations de Dieu :
• La sagesse : est décrite comme une force agissante dans la création et marquant de son sceau la forme du monde (voir Proverbes 1.20-33; 3.19; 8.1-31; 9.1-6)
• La Parole de Dieu est parfois considérée comme une entité existante indépendante, provenant malgré tout de Dieu. La Parole de Dieu parcourt le monde à la recherche d’hommes et de femmes afin de leur faire connaître la volonté et le plan de Dieu, de les guider, juger, sauver (voir Psaumes 119.89; 147.15-20; Esaïe 55.10,11)
• L’esprit de Dieu. L’Ancien Testament utilise l’expression ‘esprit du Seigneur’ pour indiquer la présence et la force dans la création. L’esprit est représenté dans le Messie attendu (Esaïe 42.1-3) et comme celui qui réalise la nouvelle création après que les anciennes choses aient disparu. (voir Psaumes 104.30; Ezéchiel 36.27; 37.1-4)
Une pure description unitaire ne semble pas suffisante pour cerner le côté dynamique de Dieu (un Dieu lointain et malgré tout très proche, un Dieu qui agit de différentes façons).
L’esprit : une personne ou une force ?
Que signifie l’expression « l’esprit est une personne » ? Peut-on transposer notre apparence humaine à Dieu ? Dans l’Antiquité, une ‘persona’ était un masque utilisé au théâtre, au moyen duquel un même acteur pouvait jouer des rôles différents. Le père de l’Eglise Tertulien suggère l’idée que Dieu joue trois rôles différents mais analogues dans le grand drame du salut de l’homme. |
A travers les siècles et même encore de nos jours, on a beaucoup parlementé pour savoir si l’esprit était une personne ou plutôt une force ou encore une influence. Les partisans de chaque point de vue peuvent trouver dans la bible suffi-samment de textes pour appuyer leur argumentation et accuser les autres d’hérésie.
La version française utilise au moins trois termes pour traduire le mot hébreu ‘Ruach‘ :
1. Air en mouvement, vent.
2. Respiration, souffle de vie : Genèse 6.17; 7.22; Job 27.3; Ecclésiaste 3.19-21 – à la fois pour l’homme et l’animal. Dans beaucoup de textes, on retrouve les deux termes nasham (respiration : Genèse 2.7) et ruach (esprit).
3. Esprit (enthousiasme, passion, charisme) : un esprit de sagesse (Ex 28.3; 35.31), de justice (Esaïe 28.6), de patience (Ecclésiaste 7.9); de courage (Josué 2.11). Cet aspect s’appuie sur l’image de l’esprit présenté comme du feu (Pentecôte) : Zacharie 8.2,3; Cantique des cantiques 8.6.
Action dynamique !
Une idée importante qui va de pair avec ‘ruach’ est la notion de dynamisme, mouvement
‘Ruach’ : dynamique, mouvement et renouvellement
• Genèse 1.2 : Passage du chaos à une création organisée (très bonne). Le ‘Tov’ (bon, agréable, utile…) repousse le vide et le chaos. |
et renouvellement ! On ne voit pas le vent mais on ressent ses effets. Le vent fait avancer le bateau… à condition que les voiles soient hissées (= coresponsabilité de l’être humain !).
Le terme ‘ruach’ (esprit/vent) montre une dynamique positive que Dieu veut insuffler à l’homme… avec sa collabo-ration !
Cette notion n’est-elle pas bien plus importante que le fait de déterminer précisément si l’esprit de Dieu est une personne ou une force ?
Voici deux très beaux résumés de textes qui insistent sur l’action :
« Si nous croyons en un Dieu qui agit, qui œuvre avec et en nous – et ce ne sont que d’autres mots désignant le Saint-Esprit – alors quelque chose doit se passer, quelque chose que l’on peut remarquer et expérimenter.
On pourrait laisser tomber l’utilisation du mot Esprit. Quand on pense au peu de chrétiens qui maîtrise cette notion et le nombre de mauvaises interprétations à ce sujet, ce ne serait probablement pas superflu de l’éviter provisoirement. Il est aussi bon de se rendre compte qu’il s’agit ici d’un terme emprunté à la personne humaine. Tant dans nos langues modernes qu’en Hébreu ou en Grec, le mot ‘esprit’ – qui définit par excellence le fait d’être un humain – est utilisé pour la présence active de Dieu.
Dr. E. Flesseman – van Leer, ‘Geloven vandaag’
« Rien qu’en écoutant les voix qui invitent à « rechercher les possibilités de changer en bien ce qui va travers », l’Esprit devient tangible et visible. En partant de l’image des esprits Han (esprits de ceux qui sont morts injustement et qui, dans la colère, l’amertume et avec un cœur brisé, recherchent la restauration et la délivrance) résonne l’appel à écouter et à prendre nos responsabilités pour agir avec sagesse et miséricorde afin de renouveler ainsi toute la création.
Dans ce contexte, une prière à l’esprit, la plupart du temps une supplique pour que Dieu intervienne presque magiquement et solutionne ce qui ne va pas, et qui en même temps fournit une excuse au croyant pour sa passivité et son manque de solidarité, n’a pas sa place. Chung Hyun Kyung croit plutôt dans l’Esprit de Dieu de miséricorde. Le Dieu de la création qui donne la vie, l’Esprit de la délivrance (Exode), l’Esprit de la résurrection qui est entendu dans les cris et le combat pour la vie. Bien sûr, il faut que des gens écoutent…
D’après Chung Hyun Kyung
A chaque fois que l’on parle de l’esprit, il y a de la vie, de la création et du renouvellement, de la délivrance et de l’enthousiasme. Ce qui en fin de compte est important, c’est que nous y soyons ouverts…
Images de l’esprit
Lorsque Dieu ‘se montre’, Il le fait de telle façon que l’homme puisse y comprendre et en apprendre quelque chose. C’est pourquoi des images sont souvent utilisées. Elles nous enseignent quelque chose mais… on ne peut y enfermer l’esprit ! En plus de l’image du vent, on trouve aussi :
La colombe
Pour Noé, la colombe fut le signal de quitter l’arche afin de commencer un nouveau monde !
Chez Jonas (‘Jonah’ = colombe) : engagement auprès des hommes, quels qu’ils soient.
L’eau
Jean 7.37-39 : des fleuves d’eau vive
– rafraîchissants
– croître et porter du fruit : Esaïe 44.3-5; Ezéchiel 36.25-27; 47.1-12
L’huile
– Matthieu 25 : lampe avec ou sans huile… = lumière, zèle dans l’action bienfaisante
– Luc 4.18, 19 : être oint d’huile afin de réaliser une mission : le rétablissement
– Zacharie 4.6 : rétablissement après la chute, le chaos et la déportation
L’huile était précieuse, apaisante et favorisant la guérison, source de lumière…
Toutes ces images sont parlantes ne trouvez-vous pas ?
Bien différentes de celles qui nous propulsent dans les hautes sphères théologiques stériles !
Peut-être le texte biblique le plus important parlant de l’esprit est-il celui que l’on trouve en Galates 5 : 22,23 :
« Quant au fruit de l’Esprit, c’est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi… »