Les miracles de Jésus le rendent populaire.

Les foules s’assemblent autour de lui. Il pourrait se réjouir et s’enivrer de ce succès, mais ce n’est pas ce qu’il recherche.

Il choisit donc de prendre de la distance, de « passer sur l’autre rive » (Matthieu 8.18).

Une manière de briser l’emprise des masses pour inviter l’individu à se positionner personnellement. A ceux qui proposent de le suivre, il précise ses exigences. Choisir Jésus n’est pas une voie facile.

« Un autre, parmi ses disciples, lui dit : Seigneur, permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père » (Matthieu 8.21). Voici un homme qui s’intéresse vivement à Jésus, qui s’est attaché à lui d’une manière suffisamment évidente pour être considéré comme un de ses disciples. Avant de « passer sur l’autre rive », c’est-à-dire de larguer les amarres, de rompre avec sa vie actuelle, d’unir définitivement sa destinée à celle de Jésus, il demande un délai. Un délai légitime, parfaitement compréhensible : ensevelir son père.

Dans la société patriarcale de l’époque, le père avait toute autorité surs ses descendants tandis qu’il vivait. Il n’était pas possible pour un fils ou un petit-fils de prendre une décision importante sans l’accord du patriarche, à moins d’assumer la rupture familiale. Ce disciple sait manifestement que son désir de suivre Jésus déplaît à son père. Pour éviter le scandale et le déchirement, il préfère attendre la mort de son père et donc sa propre émancipation.

Jésus ne l’entend pas de cette oreille.

Il lui dit : « Suis-moi et laisse les morts ensevelir leurs morts. » (Matthieu 8.22) Laisse ceux qui n’ont pas compris que la vraie vie est en moi se soucier de préserver les coutumes et les traditions. Pour me suivre, une décision personnelle est nécessaire. Elle implique souvent des sacrifices, des ruptures. « Passer sur l’autre rive » t’oblige à quitter ce que tu connais, ce dont tu as l’habitude, ce qui se fait depuis des générations.

Pour me suivre, tu dois te dégager de l’autorité de ton père, de ton passé, de ton milieu d’origine. Pour me suivre, tu dois oser assumer ton choix et proclamer devant tous que tu me préfères à ta famille, à toutes tes attaches affectives, culturelles, intellectuelles et religieuses. N’attends pas que ces attaches se défassent toutes seules par la mort de ton père. Brise les habitudes et les traditions qui veulent te faire croire que tu n’as pas encore autorité sur ta destinée, et choisis la Vie sans délai, dès que tu l’as trouvée !